Dirigeant de la société ASCO Environnement à Aubagne dans les Bouches-du-Rhône, spécialisée dans les travaux d'entretien et d'aménagements des espaces verts et espaces naturels, Matthias Orsi se préoccupe d’un enjeu majeur pour les générations futures : l’eau !
Voilà une problématique que l’entrepreneur travaillant dans le climat aride du sud de la France connaît bien et qui a constitué son angle d’approche pour illustrer son « jardin du (bon) vivant », thématique de l’édition 2021 du concours « Carré des Jardiniers ». Le paysagiste propose ainsi une oasis au cœur luxuriant, ode au bien-être et au repos, baignée dans une végétation à la fois ornementale et nourricière, alimentée par un système de récupération d’eau de pluie, aussi ingénieux qu’esthétique !
Une corolle qui capte l'eau de pluie
« Notre parti pris est d’élaborer le jardin en se servant de l’eau et en imaginant une forme originale d’oasis du XXIIème siècle, en considérant l’eau comme un trésor dans le jardin qu’elle façonne : une eau qu’on capte, qu’on stocke, qu’on utilise, sans apport extérieur », nous explique Matthias Orsi.
Le jardin se divise ainsi en plusieurs espaces. Au centre, se trouve la matrice du projet, une jolie structure métallique en forme de corolle qui récupère l’eau de pluie via sa toile tendue à l’intérieur. L’eau est stockée dans un bassin situé juste en dessous, lequel est habillé de bancs avec coussins pour les visiteurs et de hublots, laissant apparaître quelques petits poissons qui participent à enrichir l’eau en matières organiques grâce leurs déjections. S’ajoute la présence de plantes aquatiques (papyrus, plante du genre Typhas...).

L'eau diffusée progressivement
Partant de ce bassin, l'eau se déverse à travers tous les différents espaces du jardin via des rigoles d’irrigation métalliques et des martelières, des trappes permettant d’orienter la distribution de l’eau. Cette dernière se répartit graduellement du centre du jardin, dans lequel la végétation est la plus riche et dense (car fortement irriguée), vers ses espaces périphériques, l'or bleu se raréfiant au fur et à mesure pour disparaître complètement au niveau des espaces secs sur lesquels poussent des plantes de steppe.
Le centre du jardin est donc un lieu de détente et de repos, avec ses coussins et son siège « cocon », ses luminaires décoratifs en hauteur, ses éclairages colorés, ses lignes d’eau passant sur les côtés… Notons ici que les lanternes d’éclairage sont réalisées de façon écoresponsable à partir de bouées de bateau recyclées. Ces objets design proviennent de l’atelier marseillais Poupe, comptant parmi les différents fournisseurs partenaires du paysagiste.

Arbustes ornementaux et plantes potagères
La corolle est parsemée de plantes grimpantes avec des espèces florifères et nourricières à l’instar des actinidias (kiwis). La structure dispose également d’un système de brumisation jouant une atmosphère tropicale pour les palmiers, les orangers, les oliviers, les arbousiers et autres grenadiers ici présents. Une liste non exhaustive pour ce jardin comportant une centaine d’espèces végétales !
Sur les pourtours de l'oasis, des coins « potager » sont également irrigués par l’eau de récupération et suivent les préceptes de la permaculture. Dans les zones « reculés », une végétation moins gourmande en eau se dévoile : romarin, thym, sauge, palmiers et cyprès… Le paillage est ici naturel avec une composition minérale ainsi que du BRF (Bois Raméal Fragmenté). Certains végétaux ont été plantés entre les interstices de dalles bétons récupérées sur des chantiers de démolition.

Une belle préparation
Finissons par le fond du jardin qui présente une terrasse bordée de cyprès et sur laquelle sont posées des chaises longues, afin de profiter du soleil dans une ambiance très méditerranéenne. Le paysagiste et son équipe (*) a œuvré d’arrache-pied durant quatre très longues journées pour installer les 200 m² de jardin. Sans compter la préparation en amont durant plusieurs mois avec, entre-autre, un beau travail de soudure et de confection des éléments métalliques concernant les rigoles d’irrigation et la corolle. Oui vraiment, un niveau très « eau » !
