C'est sur la thème "le jardin du (bon) vivant " que cinq paysagistes se sont frottés à la compétition dans le cadre du prestigieux concours "Carré des Jardiniers", organisé par le salon Paysalia et l'Unep avec l'Interprofession Val'hor comme partenaire officiel. Un évènement qui vise à porter en exergue la créativité et les savoir-faire de la profession, le Maître Jardinier élu devenant un ambassadeur d'excellence de la filière paysage. Les candidats disposaient de quatre jours et d’une équipe limitée à cinq personnes pour mettre en place leur réalisation sur une surface de 200 m², les jardins étant regroupés au sein du salon qui se tenait du 30 novembre au 2 décembre 2021 et qui a accueilli 28 889 visiteurs.
Le paysagiste Franck Serra est le lauréat de cette nouvelle édition (voir nos extraits de la cérémonie en images et en vidéo) et a obtenu également le prix "coup de cœur" des étudiants. Voici une petite visite de son jardin en vidéo :
Un jardin à la fois champêtre et contemporain
Créateur en 2011 de la société Serra Paysage basée à Coulounieix-Chamiers en Dordogne et composée d’une vingtaine de personnes, l’entrepreneur paysagiste Franck Serra a créé une véritable ode au « bien vivre » à travers sa réalisation. « Notre jardin se découvre à travers deux espaces reliés par une canopée centrale, l’un destiné au bien-être, au repos et à la méditation, avec son bassin et ses cocons végétalisés, l’autre au vivre ensemble et à la convivialité, symbolisé par une table en chêne d’une très grande longueur. C’est le jardin du retour aux sources et de la résilience », nous raconte en préambule le nouveau maître jardinier.

Avec son équipe (*), celui-ci a réussi ici à mettre en harmonie une végétation champêtre et locale (chêne, châtaigner, bouleau, pins et arbustus venant de la forêt des landes, charme, fougères et graminées...) avec des éléments contemporains et modernes, des grandes lignes architecturales et des structures de mobilier massives, dont l’effet est contrebalancé par la verdure. Cet équilibre résulte notamment d’un superbe travail réalisé sur les structures du jardin, exclusivement avec du bois local venant de la région du paysagiste.

« Ce jardin, il sort entièrement de nos mains ! », scande fièrement Franck Serra. « Nous n’avons pas choisi des éléments sur catalogue mais utilisé les ressources locales et les circuits courts pour concevoir et fabriquer nos structures en atelier, à partir du bois brut. » La table massive qui pèse 1,5 tonnes est ainsi façonnée en chêne venant de Dordogne. Les lames de terrasse sont réalisées avec du bois de récupération, du châtaigner brut. Entre elles, les joints sont remplis par un semi de gazon, conférant au sol un pouvoir perméable.

La structure centrale qui accueille le visiteur, est-elle aussi façonnée avec du bois de châtaigner, avec des poteaux à l’écorce arraché et des branches maillées et entrecroisées au sommet. S’ajoute le magnifique banc public, également travaillé en bois brut, qui fait face à un bassin de métal et de verre ajoutant cette fameuse note contemporaine, tandis que de l’autre côté du point d’eau, trois cocons végétaux tendent les bras au visiteur cherchant le repos.
Ces belles structures ont été renforcées par du fer à béton sur lequel ont été emmanchées des branches de châtaigner (tiges fendues en deux pour plus de souplesse), sur lesquelles s’ajoute un renfort avec des fibres de chanvre.

Mais passons à table désormais ! Celle-ci est parsemée en son centre de plantes et de champignons de Paris (des vrais !). Autour, des potagers en bac apportent l’aspect nourricier du jardin tandis que des cosses de noisette constituent un joli paillis qui entoure la terrasse. « J’ai voulu concevoir un jardin à vivre avec l’objectif d’une globalité harmonieuse, esthétique et pratique », nous rapporte Franck Serra. « Cet espace est donc tout à fait duplicable, il est prévu qu’il soit installé dans une collectivité et accessible au grand-public ». De quoi faire des heureux !
