L'Observatoire des villes vertes propose déjà sa 10e enquête depuis sa création par l'Unep et Hortis en 2014. L'Observatoire livre ainsi régulièrement des résultats étayés et complets sur la politique de végétalisation des moyennes et grandes villes françaises (voir le dernier palmarès des villes en 2020), ainsi que des résultats de sondages réalisés auprès des français sur leur perception des espaces verts publics.
Une nouvelle enquête réalisée auprès de 37 villes (1) et dont les résultats ont été révélés le 6 juillet, porte cette fois sur la végétation spontanée. Depuis quelques années, ce phénomène prend en effet une ampleur grandissante et les collectivités développent des pratiques pour l'intégrer de mieux en mieux aux espaces publics. La loi Labbé portant sur l'interdiction des produits phytophamaceutiques a été dans ce cadre un élément déclencheur, en favorisant des pratiques d'entretien des espaces verts plus écologiques.

Une grande majorité de villes (94 % soit 9 sur 10) a ainsi déjà mis en action des plans de gestion différenciée pour laisser plus de place à la végétation spontanée et locale. Plusieurs stratégies sont choisies avec la délimitation de zones prioritaires de végétation spontanée (pour 57 % des villes) ou bien, à l'inverse, de zones "sans végétation spontanée" (pour 76 % des villes) afin de préserver des espaces spécifiques comme les terrains de sport ou les monuments historiques qui réclament une gestion maîtrisée de la végétation. Mais certaines villes vont plus loin et tolèrent aujourd'hui la présence de végétation spontanée sur l'ensemble de leurs espaces publics (Avignon, Royan, Besançon et Vauréal).
Les municipalités laissant une place croissante à la végétation spontanée sont motivés, selon l'étude, par deux objectifs : la protection de la biodiversité (pour 57 %des villes) et le retour d'espèces végétales endémiques et « patrimoniales » (pour 34 % des villes). Une vigilance est toutefois portée sur les risques que peuvent faire peser, d'un point de vue sanitaire et environnemental, la prolifération d'espèces exotiques envahissantes (renouée du Japon, ambroisie, berce du Caucase...) et celles-ci font l'objet pour 38 % des villes d'un plan de lutte spécifique.

L'enquête conclut sur les freins rencontrées par les équipes municipales pour favoriser la végétation spontanée, avec des initiatives citoyennes bienvenues pour aller dans ce sens mais encore trop limitées. Elle pointe également des freins internes, la problématique n'étant pas aujourd'hui assez prise en compte dans les les politiques territoriales ni formalisée, par exemple, dans le Plan local d'urbanisme (PLU).
Les villes se mobilisent donc pour sensibiliser leurs citoyens, 84 % d'entre elles ayant renforcé leur communication sur ce sujet. Elles trouveront sans doute un motif d'optimisme dans l'enquête d'opinion réalisée par l'institut Yougov pour le compte de l'Observatoire (2) , et qui révèle que trois quart des français (79%) sont favorables à la végétation spontanée. A une condition toutefois : que celle-ci ne paraisse pas envahissante et qu'elle soit donc bien encadrée, pointe 66 % des personnes interrogées...
(1) Enquête réalisée du 21 avril au 31 mai 2021 par un questionnaire envoyé à 37 moyennes et grandes villes françaises : Angers, Amiens, Argenteuil, Aulnay-sous-Bois, Avignon, Besançon, Bordeaux, Brive-la-Gaillarde, Caen, Cholet, Colomiers, Créteil, Doué-en-Anjou, Erquinghem-Lys, Gennevilliers, Gravelines, La Rochelle, Le Mans, Lyon, Marseille, Montreuil-sous-Bois, Nancy, Nîmes, Perpignan, Perros-Guirec, Poitiers, Reims, Royan, Saint-Jean-de-Liversay, Sens, Seyssinet-Pariset, Tours, Valence, Vitry sur Seine, Vauréal, Vence, Yvoire.
(2) Enquête réalisée du 6 au 7 mai 2021 sur un panel en ligne de 1000 personnes, représentatives de la population nationale française.