Son activité, Jacques Hennequin la transmet notamment à des jeunes. Et il aimerait, au moment de sa retraite, à savoir bientôt, la voir se poursuivre. Enfant, il a vécu et même « baigné » dans le jardin familial de ses parents, qui n'exerçaient toutefois pas dans les secteurs horticoles ou paysagers. N'ayant pas suivi de formation dans ces filières, il lui est même difficile de se souvenir d'où lui vient sa passion des maquettes. Ce qui est sûr, c'est que « mes études techniques me servent pour mes créations. Croquis, plans, calcul des échelles... sont à la base de chacun de mes projets. Mes emplois de technicien, ingénieur, puis commercial dans les médias télévisuels, à l'ex-ORTF/SFP, m'aident à communiquer et à gérer mon temps. »

Mais après la privatisation de la SFP, il s'est retrouvé au chômage, à 48 ans, en 1995. Que faire pour rebondir ? « Je voulais trouver quelque chose d'original, à partir de ce que je savais et pouvais faire. J'ai lu que les maquettes de jardins étaient prisées au Royaume-Uni. En 1997, j'ai pris la décision de me lancer. » Pour sa première maquette de jardin, il choisit le potager de Villandry (37). Henri Carvallo, le propriétaire du domaine, a tout de suite compris que cette réalisation de 4 m x 3 m en 12 parties pouvait devenir un support de communication efficace. Vingt-deux ans plus tard, elle existe toujours et comprend un jardin supplémentaire.

En juin 1998, il crée son entreprise, J.H. 3D, et ne travaille quasiment que sur commande et sur devis : « Je fais moi-même toute la maquette. J'utilise avant tout des matériaux naturels : mousses, lichens, laine et branches pour représenter les végétaux. Du sable tamisé et de la sciure pour les revêtements. Les bâtiments sont en carton. Si nécessaire, je sculpte du polystyrène, car c'est léger à transporter. »

Mais avant d'en arriver là, il est très souvent nécessaire de faire des recherches historiques sur le site ou des jardins analogues de la même époque et de croiser plusieurs sources : archives, associations de patrimoine et historiens sont d'un grand secours. La rencontre avec les propriétaires permet de coordonner les chantiers quand il s'agit de projets de reconstitution. La visite du jardin - quand il existe encore - permet de s'inspirer du lieu, de collecter les plans à l'échelle et tous les documents historiques, et aussi de faire des photos techniques qui faciliteront le travail préparatoire qui peut durer de 1 à 2 mois. Vient ensuite le choix de l'échelle et des matériaux, la méthode de travail de base restant toujours la même.

Transmettre passion et entreprise

Outre la réalisation de maquettes, Jacques Hen-nequin anime quelques ateliers de démonstration au lycée agricole de Brie-Comte-Robert (77) auprès d'une section d'élèves en paysage. Ils doivent, par exemple, créer un arbre, de l'eau... puis s'entraîner à l'oral pour présenter leur propre maquette. « Les séances sont particulièrement intéressantes car les jeunes trouvent souvent des astuces, même sur des sujets imposés. »

Il a par ailleurs récemment passé un week-end à Thiais (94) avec des enfants du primaire. « Ils choisissent souvent des potagers », constate-t-il. Cette démarche avait déjà été réalisée lors d'un salon du patrimoine. « Les enfants sont attirés par les maquettes, c'est à leur échelle. »

Au total, Jacques Hennequin a fait naître une centaine de projets. Certains sont toujours exposés chez leur commanditaire, souvent dans des lieux publics. « Il s'agit d'un outil de communication qui permet de faire passer un message. »

Passionné, il a créé deux associations qui ont un lien direct avec les plantes et les jardins : l'APJ94 (association des parcs et jardins du Val de Marne), reliée au Comité des parcs et jardins de France, qui s'occupe de recenser, promouvoir et défendre les espaces verts locaux ; et Hortesia, née il y a 8 ans, dont les 60 membres visitent des jardins exceptionnels une dizaine de fois par an.

Et pour compléter ces activités, il a organisé une exposition retraçant 40 ans de jardins en Île-de-France. Elle a vocation à tourner dans les villes intéressées, Thiais étant la première étape.

Pour l'heure, ses compétences en électronique lui servent à installer les leds qui illuminent ses oeuvres. Il préfère les maquettes manuelles et ne s'est pas engagé dans les logiciels numériques de 3D, ni les découpes au laser. « J'attends qu'on me montre un arbre ou un bosquet ressemblant, avec la même texture. Nous ne sommes pas sur le même type de produit, et n'allons pas vers le même but. La création de maquettes est une activité très prenante pour qui la pratique à fond. On pourrait en vivre. Avant de prendre ma retraite, j'aimerais pouvoir transmettre mes connaissances et mon savoir-faire à une personne partageant cette même passion. »

Odile Maillard

Le jardin du château de La Roche-Rousse, dans le Pays de Moncontour (22).

PHOTO : O. MAILLARD ET JACQUES HENNEQUIN