La Stepp Bretagne, située à Langueux (22), a organisé ses portes ouvertes en septembre dernier, à quelques jours d'intervalle avec celles des trois autres stations Astredhor Loire-Bretagne : le CDHRCentre (45), l'Arexhor-Pays de la Loire (49) et le Cate (29). La biotisation des substrats et la fertilisation organique sont deux sujets traités en commun par plusieurs d'entre elles.

1 LA BIOTISATION DES SUBSTRATS, SANS CERTITUDES.

En collaboration avec l'Arexhor PDL, la Stepp étudie l'intérêt de l'inoculation de microorganismes (compost, Trichoderma atroviride, Trichoderma harzianum, mycorhize Rhizophagus irregularis, Gliocadium catenulatum...) pour améliorer la qualité des plantes, la station des Ponts-de-Cé (49) s'attachant aux couples Chamaecyparis et lavande/Phytophthora et la station bretonne au couple cyclamen/fusariose (projet Aquabios) et aux plants potagers (poireau, oignon). Lors des essais 2013 de biotisation des plants potagers en pleine terre, le compost (Terraktiv à 3,5 kg/m3) a augmenté le poids frais des jeunes plants ainsi que celui du bulbe à la récolte. L'influence des microorganismes (Rhizophagus irregularis à 600 g/m3, Trianum-P à 15 g/m3 en arrosage) appliqués seul ou en mélange n'a pas été démontrée. En 2014 en revanche, seul Trianum-P a eu un effet, en favorisant la hauteur des plants et la densité de la chlorophylle. Concernant le projet Aquabios, l'absence de symptômes de fusariose en 2013 (malgré 3 inoculations) n'a pas permis d'étudier l'influence des microorganismes sur la maladie ; l'essai a été renouvelé en 2014, avec une infestation réalisée début octobre. Premier constat : l'incorporation de compost au substrat (Terraktiv, 20 % du volume) accompagnée d'une fertilisation hebdomadaire à la dose de 1 g/litre (Algospeed 14-14-25) rendent les cyclamens moins sensibles au botrytis.

2 FERTILISATION ORGANIQUE, À TRAVAILLER EN COUPLE.

Pour la fertilisation organique, les expérimentations débutées il y a 4 ans portent désormais sur des couples engrais/substrat, tant il est vrai que le comportement du fertilisant dépend des caractéristiques du terreau (aération, composition, vie biologique...) (*). À la Stepp Bretagne, l'évaluation 2014 a porté sur une culture de Calibrachoa 'Callie® Painted Pink' en suspension de 7 l, de fin février à fin mai. Sur les neuf couples « substrat/engrais organique » proposés par les fournisseurs, 4 offrent un diamètre de suspension en fin de culture proche du témoin « engrais de synthèse » (Dumona GTH4/1 et Osmocote 5/6 mois 5-9-12 à 5 kg/m3) : terreau Klasmann Biosubstrat 693 avec deux mélanges (Biocomplet 4 g/l + Patentkali 0,5 g/l + Terraktiv 0,1 l/l ; Patentkali 0,5 g/l + Terraktiv 0,1 l/l + Protamyl 2, g/l + Phytoperl 8 g/l) ; terreau Tourbières de France avec engrais organiques à 2 doses (dose x de EO 6-7-8 + corne broyée + Capt'N ; dose y de EO 6-7-8 + corne broyée + Capt'N). Le témoin reste la modalité présentant la densité la plus importante de chlorophylle dans les feuilles, indicateur de la bonne santé des plantes. Cependant, c'est aussi celle dont le cumul de nitrates rejetés est relativement plus élevé.

3 GÉRER LES SURFAÇAGES D'ENGRAIS ORGANIQUES.

Le CDHRCentre a travaillé plusieurs années sur le pilotage de la fertilisation organique en production de plants potagers et d'aromatiques en pot, ainsi que sur les effluents en découlant. « En cultures longues 100 % organique (par exemple, les aromatiques ligneuses), des surfaçages sont nécessaires », indique Sophie Bresch, en charge des expérimentations à la station orléanaise. Cette dernière a testé différents indicateurs susceptibles de faciliter la gestion des surfaçages et en a sélectionné deux : le suivi du taux d'azote minéral dans le substrat grâce à un boîtier de type Nitrachek ; l'emploi de la courbe de minéralisation du couple engrais/ substrat obtenue au laboratoire à température (28 °C) et humidité constantes (**), en relation avec le cumul des températures. Dans le premier cas, le surfaçage est déclenché lorsque le niveau d'azote nitrique (N-NO3) diminue dans le substrat. Cet indicateur prend en compte la consommation par la plante. En pratique, le producteur prélève sur plusieurs pots un échantillon de terreau (100 ml) et y ajoute 150 ml d'eau déminéralisée. Il laisse reposer 30 minutes avant de filtrer. La lecture s'effectue par trempage de bandelettes réactives dans le filtrat et lecture directe à l'aide d'un boîtier (environ 300 euros). Les mesures s'effectuent toutes les deux semaines, puis toutes les semaines, plus on s'approche de la date supposée de surfaçage. Dans le second cas, le surfaçage est déclenché quand le cumul des températures moyennes journalières dans le pot atteint le cumul des températures calculé au point de stabilisation de la courbe de minéralisation : si cette dernière se stabilise au bout de 28 jours à 28 °C, le calcul est 28 x 28 = 784 °C cumulés. Cette méthode ne prend pas en compte les besoins propres de l'espèce.

Cette année, les essais du CDHR-Centre ont consisté à évaluer la pertinence des deux indicateurs sur deux couples engrais-substrat et sur deux espèces végétales (thym et ciboulette). « Chaque indicateur a son intérêt selon la période », précise Sophie Bresch. « Le choix de l'un ou l'autre dépendra des conditions climatiques. L'utilisation conjointe des deux indicateurs semble la plus appropriée : en période froide, le suivi de l'azote nitrique convient mieux car la minéralisation peut connaître des à-coups incitant à surfacer trop tôt ; en période chaude, la méthode de cumul des températures permet une prise de relais plus précoce pour prévenir l'apparition des carences. » En hiver, le relais intervient en moyenne au bout de 3 mois, en été au bout de 6 semaines.

Valérie Vidril

(*) Voir les dossiers du Lien horticole : – « Fertilisation organique : attraits et réalités », p. 12-15, n° 715 du 18 août 2010 ; – « Vingt ans d'engrais organiques : dépasser l'empirisme », p. 12-17, n° 891 du 25 juin 2014. (**) Cette courbe de minéralisation est un outil qui a été développé par le laboratoire SAS (45).