Il faut se rendre à Nancy encore cette année pour voir de près la dernière réalisation du service parcs et jardins, son jardin éphémère annuel qui attire des centaines de milliers de visiteurs. Il faut s'y rendre car, dans notre période mouvementée d'épidémie, la ville et le service dirigé par Pierre Didierjean ont pris la responsabilité de maintenir l'événement. Et, je dois dire que cela fait un bien fou de pérégriner dans cette réalisation végétale, dans ses 16 tableaux sur une place minérale 18è déclarée patrimoine mondial par l'UNESCO. L'ensemble de presque 5000 mètres carrés peut se visiter en entrant depuis plusieurs portes.

Vous pouvez choisir de passer par la case yourte de départ ou un palmier sort sa tête du toit, mais ce n'est pas obligatoire. Votre déambulation peut ensuite vous conduire dans différents univers selon votre volonté de vous laisser tenter dans le désert, de vous faire cuire ou glacer par les chocs climatiques et de se laisser bousculer par ces tristes réalités de notre planète. Vous pouvez pourtant trouver du repos dans Terre ou Désert avec la richesse et la fertilité portées par les sols, par les eaux, par les roches qu'ils sédimentent et abritent. Tout cela vous le verrez, dessiné par les jardiniers de la ville. Ils peuvent se réjouir, les messages passent et le bien-être végétal se fait sentir.

L'éphémère qui fait réfléchir n'est pas si éphémère que son nom veut bien le dire. Il dure d'ailleurs d'une année sur l'autre avec la réutilisation de certains équipements. Éphémère donc, mais durable avec la paille prêtée par un agriculteur, les roches par un fournisseur, produits qui sont rendus à leurs heureux propriétaires supporteurs du jardin. Autre prouesse, faire dialogueur l'art avec la réalisation végétale, ici avec les oeuvres photographiques de Ian Teh et de Samuel Mussolin. Non seulement ces dernières témoignent mais elles se fondent aussi dans le paysage, font des renvois d'angle, des jeux avec le végétal ou les matériaux utilisés (pierres, bois, chanvre...). Autour du jardin qu'elles ceinturent ou fortifient, elles sont aussi un outil en duo avec le jardin pour voir cette place Stanislas autrement.

Jour de la Terre donc cette année à Nancy pour fêter le 50ème anniversaire de cette association née aux Canada et aux Etats-Unis qui mobilise de nombreux pays du monde tous les 22 avril sur les problèmes écologiques et climatiques. L'idée est de la promouvoir encore en France, d'où se baptême d'une Clématite Nancy Jour de la Terre, une création des Ets. Travers vendue au grand public avec pour chaque vente un euro reversé à l'association. Quelques 120 de ces clématites font le tour du jardin avant de faire le tour de la terre en souhaitant que le public saura répondre présent. Pourquoi cette plante ? Arnaud Travers, dirigeant de la pépinière pour la sixième génération, a expliqué lors de ce baptême que cette variété, créée avec le Sapho, est remarquable par sa résistance au chaud et au froid (jusqu'à - 25°), à la pollution, aux maladies. Rustique, elle nécessite peu d'arrosages et de taille. Durable, elle s'insère donc avec beauté dans les combats de l'association Jour de la Terre. Elle pourra s'adapter à l'univers des villes, sur les balcons ou terrasses autant que dans les jardins (pot ou pleine terre) et grimpera allègrement jusqu'à 1,50 à 2 mètres. Ses grandes fleurs couleur fuchsia à reflets brillants avec grande période de floraison de juin à septembre, feront le bonheur de des citoyens qui auront en l'achetant fait un petit geste pour la protection de l'environnement. Un article détaillé sur ce jardin est en préparation pour le magazine d'octobre de Matériel et Paysage, mais d'ores et déjà allez visiter ce jardin !