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Nature en ville Unep / Asterès : une étude chiffre les bienfaits des espaces verts

Selon l'étude, 447 M€ de dépenses en soins médicaux et hospitaliers auraient été évitées en France en 2023 grâce aux espaces verts via la baisse des maladies chroniques et des visites à l’hôpital.

L’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) a fait appel au cabinet Asterès pour réaliser une étude économique inédite : quantifier la valeur des bienfaits sanitaires et environnementaux des espaces verts urbains en France. Ses résultats ont été dévoilés le 5 juin 2024.

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« Cette étude adopte une approche unique en économie en proposant une première évaluation du volume et de la valeur des services sanitaires et environnementaux rendus par les espaces verts », peut-on lire en préambule, dans le rapport de près de 70 pages (1) remis à l’Unep par Asterès et dévoilé au début de ce mois de juin.

Ce cabinet d’études, de recherche et de conseil économique est dirigé par son fondateur, l’économiste Nicolas Bouzou. « À l’heure où les normes antipollution se durcissent, où les politiques de lutte contre le réchauffement climatique et de prévention en matière de santé progressent dans les villes, ce travail donne des arguments tangibles et rationnels aux élus locaux pour les aider à quantifier les effets de leurs engagements en faveur des espaces verts », note ensuite le dirigeant.

De gauche à droite : l'économiste Nicolas Bouzou, Guillaume Moukala Same, respectivement dirigeant-fondateur et chargé d'études du cabinet Asterès, et Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep, ont présenté les résultats de cette étude. (© Matériel et Paysage)

Moins de malades et de frais de soins

Asterès a d’abord examiné plus de 70 publications académiques et des rapports internationaux qui traitent des effets des espaces verts sur la santé ou l’environnement, et dont les résultats ont été extrapolés et exploités pour la France. Sur cette base, les auteurs de l’étude ont observé 72 zones urbaines présentes dans notre Hexagone dans lesquelles vit un tiers de la population française. Le cabinet d'études économiques a déterminé la superficie couverte par les espaces verts représentés ici grâce à des données fournies par l’Agence européenne de l’environnement.

En s’appuyant sur ces données et sur les connaissances bibliographiques, l’étude a pu quantifier la réduction, en 2023, du nombre de maladies et de décès liée à la présence des espaces verts. Elle en a déduit l’économie réalisée en matière de dépenses médicales pour l’Assurance maladie et les organismes complémentaires, mais aussi pour les entreprises impactées par des arrêts maladie.

Résultats ? En 2023, 275 000 pathologies ou traitements ont été évités en France pour les personnes âgées (voir en infographie ci-dessus). Chez les moins de 65 ans, ce sont 95 000 prescriptions d’antidépresseurs qui n’ont pas été établies. Un total de 22 000 décès aurait ainsi été évité. En tout, 525 millions d’euros (M€) auraient été économisés entre les frais de santé (447 M€) et les pertes de production (75 M€) liées aux arrêts maladie.

 Infographie présentant l’impact des espaces verts sur la santé physique et mentale en France d’après l’étude d’Asterès. (© Source : Unep/Asterès)

 

De plus, les arbres urbains auraient stocké plus de 20 millions de tonnes de CO2 en 2023 et 11 000 t de polluants atmosphériques (ozone, dioxyde d’azote et particules en suspension), évitant plus de 1 500 cas d’asthme infantile. Par ailleurs, la température dans les villes a baissé de 1,4 °C en période estivale grâce à la présence des espaces verts, évitant 370 décès et 800 passages à l’hôpital.

Une véritable création de valeur

Autre observation, la séquestration du carbone par les arbres en France limite les coûts des dommages liés au dérèglement climatique et économise à ce titre 1,8 milliard d’euros (Md€). Ce calcul se fonde sur le modèle dynamique intégré climat-économie (ou modèle DICE), un programme pluridisciplinaire informatique de référence au niveau international, qui évalue les dommages climatiques à 95 € par tonne de CO2 non absorbé.

En cumulant cette donnée avec les gains pour la santé, la présence des espaces verts a créé une économie totale de 2,3 Md€. Le chiffre est à comparer aux dépenses consenties par les collectivités et les citoyens pour entretenir le verdissement (intervention de paysagistes, achats de végétaux), lequel s’élevait à 3,3 Md€ en 2023 selon l’étude.

Infographie illustrant l'estimation des baisses de dépense de santé liées aux espaces verts en France en 2023. (© Source : Unep/Asterès)

 

En somme, pour 100 € dépensés dans un espace vert, les bénéfices concrets s’élèvent à 70 €. « Il y a ici un décalage en termes économiques entre les acteurs locaux qui entretiennent et financent les espaces verts (municipalités, ménages et copropriétés) et ceux qui en bénéficient gratuitement à l’échelle globale par l’atténuation du changement climatique, mais aussi les acteurs de la santé, observe Nicolas Bouzou. Il serait donc intéressant de réfléchir à des mécanismes d’incitation pour intégrer la valeur des services sanitaires et environnementaux des espaces verts qui viseraient aussi bien les acteurs publics que privés. » 

Un potentiel de végétalisation

Des plans d’aide pourraient en effet encourager la création de surfaces végétalisées, d’autant que l’étude révèle un potentiel intéressant. Le taux de couverture des espaces verts sur les 72 zones urbaines étudiées, de l’ordre de 34 %, se situe sous la moyenne européenne, qui est de 44 %. Plus de 40 villes disposeraient donc de marges pour augmenter leurs surfaces d’espaces verts avec une hausse moyenne possible de 14 %. « Les entreprises du paysage sont en première ligne pour répondre à cet objectif, d’autant qu’il semble raisonnable », note Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep.

Et le responsable de citer dans ce cadre les engagements de l’organisation, notamment sa participation à l’élaboration du plan « Nature en ville », ses actions de végétalisation des cours d’école ou bien la mise en place prochaine d’un projet nommé « IVIGO ». Cet outil d’aide au diagnostic et à l’orientation des choix vise à aider les décideurs à quantifier les externalités positives des projets d’aménagement liés aux espaces verts.

Infographie illustrant les résultats de l'étude sur la surface couverte par les espaces verts en France. (© Source : Unep/Asterès)

 

 

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