Observatoire des villes vertes Mesurer la volonté de végétaliser les espaces privés
L’essentiel du territoire d’une commune étant situé sur emprise privée, les collectivités ont de plus en plus conscience de la nécessité d’impliquer les propriétaires dans leurs politiques de verdissement. Le dernier Observatoire des villes vertes a cherché à mesurer l’avancée de ces démarches sur le terrain…
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Fleurissement, volonté de planter davantage, création de jardins partagés… les collectivités travaillent depuis longtemps à rendre leur cadre plus végétal et plus fleuri, que leur objectif soit de décrocher un label, de mieux accueillir les touristes ou tout simplement d'offrir à leurs habitants un cadre de vie le plus agréable possible.
Mais, depuis quelques années, nombreuses sont celles qui ont compris l’intérêt d’entraîner les particuliers, les entreprises ou les copropriétés, pour ne citer que quelques propriétaires privés. Ensemble, ils représentent toujours une large majorité de l’espace urbain et leurs propriétés échappent forcément aux politiques de gestion, aussi volontaristes soient-elles. Les haies monospécifiques et les gazons bien tondus qui les caractérisent le plus souvent ne sont pas forcément en ligne avec les politiques d’enrichissement de la biodiversité, de fleurissement ou de verdissement des villes !
Pour toutes les équipes municipales, le but est donc d’inciter un maximum d’acteurs privés propriétaires d’espaces naturels à rendre leurs pratiques de gestion plus en ligne avec les leurs. Pour la première fois, une étude a cherché à mesurer l’état d’avancement de ces démarches. Elle a été rendue publique par l’Unep (Union nationale des entreprises du paysage) et Hortis, les responsables d’espaces nature en ville, qui unissent régulièrement leurs forces pour documenter l’Observatoire des villes vertes (voir la dernière communication ici : Angers reste la ville la plus verte de France).
100 % des villes ont mis en place des actions
Selon la dernière livraison de cet observatoire, « nombreuses sont donc les villes qui intègrent dans leur portefeuille de solutions la contribution des particuliers et des privés ». Restait à en mesurer l’étendue.
Toutes les communes examinées sans exception – les plus importantes en France – affirment avoir créé des incitations pour les particuliers dans le but de végétaliser. « Les villes ont ainsi mené au minimum deux projets (et jusqu’à vingt), visant à accompagner les particuliers, les associations et les entreprises à végétaliser durablement le foncier, pour des coûts de 100 à 150 euros pour des projets de végétalisation de façades, et allant jusqu’à 30 000 euros », note l’enquête.
Ces aides visent le long terme et peuvent être proposées sous forme de bons de plantation, d’aide directe à l’achat de plantes chez les horticulteurs.
Angers (49), avec une aide de la moitié du prix d’achat, et Caen (14) ont mis en place des aides de ce type.
Les villes accompagnent également de plus en plus les projets d'habitants ou associatifs visant à renaturer la ville, via un budget participatif, à l’instar d’Amiens (80) depuis 2012 ou de Reims (51) depuis 2014.
Autre dispositif abondamment cité par les mairies : les dons d’arbres, aidant les citadins à planter sans surcoût.
Accompagner la réalisation technique des projets
Les municipalités peuvent aussi accompagner les particuliers dans la réalisation technique de leur projet de végétalisation pour s’assurer de sa viabilité, soit en désartificialisant un pan de voie publique, soit en installant des infrastructures dédiées. À Metz (57), par exemple, des câblages sont posés sur les façades de ceux qui souhaitent y installer des plantes grimpantes.
Enfin, de plus en plus de conventions sont nouées entre les villes, les organisations communautaires, les entreprises et les résidents. Ces partenariats, qui renforcent les liens entre les différents acteurs, favorisent le partage des responsabilités et des succès. Parmi les initiatives exemplaires, on peut citer le Centre hospitalier régional de Metz, qui a mis à disposition en septembre 2023 une bande de terrain le long d’une voirie communale dans laquelle la Ville a planté un alignement de 36 arbres.
Dans la majorité des cas (87 %), les élus en charge des espaces verts sont à l’initiative des projets. La moitié d'entre eux sont portés par les maires (56 %). Ceux motivés par des collectifs de citoyens et d'habitants à être à l'origine ne sont, quant à eux, que de 12,5 % parmi les communes interrogées, une contribution plus modeste qui souligne l’importance de la sensibilisation des citadins pour créer des dynamiques globales en faveur des villes plus vertes.
Des améliorations possibles
Enfin, l’observatoire donne des axes d’amélioration possibles pour ces politiques : meilleure communication, renforcement des conseils aux promoteurs ou particuliers avant et pendant les travaux.
Disposer d’un état des lieux intégrant l’espace privé est aussi préconisé.
Enfin, renforcer le rapport entre acteurs privés et collectivités en explorant les expériences et montages financiers dédiés au mécénat et aux dons vers le public sont aussi avancéspour favoriser la végétalisation de l’espace public.
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