Collectivités Gestion écologique : Rennes joue dans la grande cour
Rennes (Ille-et-Vilaine) est la première collectivité à avoir engagé une démarche de labellisation EcoJardin pour l’ensemble de ses espaces végétalisés. L'équipe de la direction des jardins et de la biodiversité de la ville nous raconte comment celle-ci a joué un rôle précurseur en matière de gestion écologique.
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Pionnière de la gestion différenciée, qu’elle a développée au début des années 1980 et formalisée dans un guide paru en 2009, la ville de Rennes s’est aussi engagée vers le « zéro phyto » dès les années 2000. Dans la continuité, elle s’est impliquée dans la démarche du label de gestion écologique EcoJardin, à sa création en 2012.
Labelliser l’ensemble du patrimoine végétal
Dès le départ, l’ambition affichée par la ville de Rennes était de s’engager dans une démarche de labellisation de l’ensemble des espaces végétalisés gérés par le service. Un premier « test » est effectué dans le cimetière de l’Est, l’un des premiers sites à passer au « zéro phyto » en 2009. La candidature est déposée (et validée) l'année de l’ouverture de la labellisation, en 2013, puis est renouvelée en 2015. À partir de là, la direction a travaillé sur un échantillonnage de son patrimoine végétalisé, en s’appuyant sur la typologie des espaces verts développée par l’Association des ingénieurs territoriaux de France et en partageant ses réflexions avec la ville de Cherbourg-en-Cotentin, engagée sur une stratégie similaire.
Une première sélection de 70 sites est proposée aux porteurs du label, Plante & Cité et l’agence régionale de la biodiversité d'Île-de-France, parmi lesquels 31 sont finalement retenus. L’élaboration du dossier de candidature pour chacun des sites, imposant une formalisation précise de l’ensemble des actions menées, a constitué une étape importante en termes de charge de travail.
Impliquer tous les échelons
Pour mener à bien ce projet de labellisation, la direction des jardins et de la biodiversité a créé un groupe de travail dédié, impliquant toute la chaîne hiérarchique sur la base du volontariat : ingénieur chargé de la maintenance, chefs d’équipe et adjoints, techniciens. Avec une réunion hebdomadaire, le groupe a travaillé sur tous les critères, site par site, avant de déposer les dossiers de candidature. À l'étape de l’évaluation, un auditeur externe, accompagné d’un cadre de la direction et en présence de l’équipe chargée du secteur, a visité l’ensemble des sites.
Ces réflexions ont notamment conduit à créer un poste de chargé de mission biodiversité au sein de la ville, pour l’animation du territoire, l’organisation de formations pour les agents et le suivi des inventaires. La ville de Rennes a ainsi obtenu le label EcoJardin pour l’ensemble de ses espaces en 2019, puisque la totalité des sites visités a obtenu la note requise, soit entre 80 et 96 sur 100. Lors du renouvellement, en 2023, une nouvelle série d’une trentaine de sites a été présentée et validée.
Évolution continue des pratiques
L’engagement dans la démarche de labellisation EcoJardin a renforcé la réflexion en matière de collecte des données, de compétences, mais aussi d’évolution des pratiques. « Le travail sur les données pour constituer les dossiers de candidature nous a conduits à créer des documents de référence et des indicateurs que nous mettons désormais à jour tous les ans », précise Christian Aubrée, responsable du service maintenance de la direction des jardins et de la biodiversité.
Concernant les compétences, la ville a fait évoluer la formation (voir encadré) et a pu obtenir une augmentation de ses effectifs, soit une dizaine d’agents supplémentaires ces dernières années, compte tenu de l’accroissement important des surfaces à gérer. L’occasion de renforcer les équipes de terrain, mais également la cellule des marchés publics, pour traiter des dossiers de plus en plus complexes.
Des changements de pratique ont été opérés, en particulier pour les surfaces enherbées : les espaces gérés en fauche ou fauche tardive ont doublé (depuis l’avènement de la gestion différenciée), et la pratique de la tonte mulching s’est généralisée.
Le développement de ces modes d’entretien a conduit à investir dans de nouveaux matériels (tondeuses, barre de coupe, rotofaneur, andaineur, botteleuse…), au développement de formations pour leur utilisation, ainsi qu’à une planification précise entre les secteurs pour exploiter les engins les plus spécifiques (mutualisation des chauffeurs avec les moyens généraux et des matériels au sein des secteurs).
Gestion de l'eau, un critère majeur
La question de la ressource en eau constitue également un point sur lequel la ville a progressé, un critère majeur pour le label et pour la pérennité des plantations. Aujourd’hui, les seules surfaces disposant d’un arrosage automatisé et centralisé sont les terrains de sport, soit 5 % du patrimoine végétalisé. Pour le reste, la conception est pensée pour favoriser l’infiltration des eaux de pluie sur place, avec des noues ou des pentes appropriées.
Les projets de désimperméabilisation et de végétalisation se développent dans l’espace urbain et dans les écoles pour répondre aux besoins en matière de confort thermique des habitants. Afin de permettre un arrosage ponctuel des jeunes plantations, indispensable à la reprise, la direction a développé des systèmes de stockage temporaire des eaux pluviales.
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