Le marché du jardin résiste malgré la crise
Les entreprises du paysage et les jardineries ont dévoilé les résultats de leurs activités pour 2020. Ils sont conformes aux attentes : la baisse de chiffre d’affaires reste mesurée et la profession fait face. Mais d’un secteur à l’autre, la situation peut être très différente.
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Le 26 janvier, l’Unep, l’Union nationale des entrepreneurs du paysage, a présenté ses vœux à la presse, l’occasion de dresser un bilan de l’année 2020, « forcément particulière en raison de la pandémie de Covid-19 ». Laurent Bizot, président du syndicat depuis un an, a dévoilé avec Raphaël Hérody, président de la commission économique, et Jean-Philippe Teilhol, délégué général, les résultats du dernier baromètre que l’Unep réalise deux fois par an en partenariat avec l’interprofession Val’hor et Agrica. Le bilan est, au regard du contexte morose, plutôt positif pour le paysage.
Après avoir, comme une majorité des secteurs économiques, plongé au premier semestre 2020 en raison du premier confinement (- 6 %), l’activité s’est bien redressée ensuite. À la faveur d’un rebond de 3 % au second semestre, la perte en fin d’année n’est que de 1,5 %. « Nous avons été très réactifs lors du premier confinement, et avons rapidement mis en place, plus vite que dans le secteur du BTP, un plan de continuité qui a permis la reprise d’activité. Et nous n’avons pas subi d’arrêt lors du second confinement », explique Laurent Bizot.
Il faut dire aussi que le paysage est une activité d’extérieur, l’impact de la pandémie y est donc moins fort que dans celles qui se déroulent à l’intérieur et qu’il se trouvait depuis plusieurs années dans une très bonne dynamique, + 15 % en 2017 et 2018, + 3,5 % en 2019.
Les Français améliorent leur habitat
C’est le segment des particuliers qui a le plus porté la reprise de l’activité du paysage, avec un rebond des commandes de 6 % au second semestre. La création de jardins (+ 3,5 %) a plus fortement soutenu le marché que l’entretien (+ 2,5 %) mais, globalement, l’Unep voit dans ce sursaut la traduction du fait que le postconfinement a « incité les Français à améliorer leur lieu d’habitation ». Et Laurent Bizot de poursuivre : « La vivacité du marché des particuliers traduit une attente renforcée pour le vert et la nature. »
Les marchés privés hors particuliers, c’est-à-dire entreprises ou bailleurs sociaux, par exemple, ont, eux, marqué le pas, avec une baisse de 2,5 % durant l’année, ce qui n’est pas illogique puisque le télétravail a été instauré dans de nombreux secteurs économiques.
Mais ce sont surtout les collectivités qui inquiètent les décideurs du paysage. Malgré les discours des candidats surfant sur la vague verte lors des campagnes électorales, les marchés publics ont poursuivi leur contraction au second semestre, à - 1 %, alors que les autres activités se sont redressées. Et le premier semestre avait déjà été délicat en raison de l’arrêt des chantiers lors du premier confinement, mais aussi des élections municipales, qui freinent toujours la commande publique.
Le report du second tour n’a pas non plus arrangé la situation. Dorénavant, l’Unep entrevoit dans les scrutins prévus en 2021 – régionales et départementales –, un nouveau frein potentiel à la reprise des appels d’offres. « Avec un impact long de la crise, nous craignons une tension sur les prix et les marges des entreprises », témoigne Laurent Bizot. Effectivement, dans un contexte de raréfaction de la commande, les réponses aux appels d’offres sont généralement plus nombreuses et le besoin des sociétés de générer du chiffre d’affaires pour maintenir l’activité, quitte à sacrifier momentanément les marges, entraîne toujours des pressions sur les prix.
Les jardineries en hausse, mais pas pour le végétal
« Dans cette année hors norme et chaotique, les professionnels de la jardinerie ont rattrapé le retard dû aux deux confinements » : tel est le constat final pour 2020 dressé fin janvier par la Fédération des jardineries et animaleries de France, ex-FNMJ, sur un ton proche, donc, de celui de l’Unep.
Les - 62 % en mars et - 39 % en avril ont été compensés par « un beau dynamisme » les mois suivants, « poussé par une consommation en plein boom et des Français en quête de nature et de vert, convaincus des bienfaits du végétal sur leur vie », analyse la fédération. Les ventes d’été ont été plus fortes qu’à l’habitude, menant le marché à un niveau de + 0,6 % par rapport à l’année précédente au moment du second confinement, qui a de nouveau coupé la dynamique. Après un mois de novembre morose, décembre a été bon, à + 16 %. Au global, les points de vente terminent l’année à + 1,1 %.
Le marché du jardin a tiré l’activité des points de vente. Il s’est contracté de près de 7 % au premier semestre pour progresser de presque 19 % au second, terminant en hausse de 2,2 %.
La fédération note cependant qu’il « ne faut pas oublier que certains secteurs comme le végétal sont loin d’avoir rattrapé les ventes ratées du printemps, notamment en raison de la fermeture des fleuristeries lors des deux confinements ». Ce rayon perd presque 20 % de chiffre d’affaires (CA). Les jardineries ont un CA amoindri de 4,2 % pour l’ensemble du segment végétal en 2020. Les plantes de pépinière sont en hausse de 1,5 %, les bulbes, plants et semences, de 0,6 %. Tous les autres secteurs accusent une baisse, les plantes à massifs de près de 12 %, les végétaux d’intérieur, de 3,3 %, et donc la fleuristerie, de 19,5 %.
Le segment de la décoration et de l’entretien du jardin enregistre des progressions de près de 38 %, c’est lui qui a le plus porté les jardineries en 2020. La fédération propose enfin une analyse des hausses de chiffre d’affaires par grandes régions. C’est dans le grand quart sud-ouest qu’elle est la plus importante, à + 1,9 %. Le quart nord-est s’élève de 1,6 %, le Nord-Ouest, de 1,5 %, alors que le Sud-Est ne voit son activité croître que de 0,5 % et l’Île-de-France, de 0,2 %. Mais chacune de ces régions aurait signé pour de tels résultats à la mi-mars, l’an dernier !
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :