Salonvert aurait pu ne pas se tenir à l'image de nombreux autres événements français ou européens des secteurs des espaces verts et du paysage, du végétal, de l'agriculture ou des travaux publics. L'avantage du salon était de se tenir sur un site privatif en plein air, de ne pas avoir un visitorat grand public, d'avoir un nombre de visiteurs cohérent au regard du site du Château de Baville à Saint-Chéron (Essonne). Les autorités préfectorales ont estimé que le plan sanitaire du salon pouvait permettre d'autoriser son ouverture sans prendre des risques majeurs. Elles ont eu raison. Le nombre de visiteurs en baisse, 11212 contre 20000 habituellement, a permis d'éviter les grandes foules dans les allées élargies et aux endroits critiques : entrées, points de restauration, buvettes, toilettes. Les équipes du salon et le service de sécurité, il faut le saluer, ont bien fait leur travail, afin que l'événement se déroule sereinement.
Quant à la baisse du nombre de visiteurs, prévisible, elle a été compensée par la qualité. Les exposants l'ont dit à maintes reprises durant l'événement et après sa fermeture. Avec 27 % d'exposants en moins, 247 étaient présents, le parcours des visiteurs a été redessiné et, sincèrement, personne ne pouvait dire qu'il s'agissait un salon au rabais. Bien au contraire, l'offre était cohérente avec de très grandes marques et des exposants très spécialisés, ceci sur les différents secteurs d'activités qui composent le marché. De nombreuses innovations ont pu être présentées pour la première fois aux professionnels utilisateurs et distributeurs. Certaines ont été récompensées dans le Palmarès des innovations du salon (voir le diaporama ci-dessous).
Parmi les grandes tendances, l'électrique a beaucoup fait parler avec des gros engins qui arrivent sur le marché (véhicules, engins de TP et de manutention, tondeuses professionnelles Mean Green chez MGE, autoportées compactes chez Del Morino). Faire parler c'est bien mais être dans la véritable action, c'est encore mieux. Les matériels présentés cette année ne sont pas des prototypes mais des machines de série dont plusieurs sortent d'usines françaises. C'est le cas du véhicule ETLander d'Etesia ou de la pelle compacte Volvo Construction qui provient de l'usine du groupe située dans l'Ain.
De l'électrique, mais nous avons aussi assisté sur le salon à des retours : marques qui reviennent comme Sabo vendue par John Deere et qui réapparait chez l'importateur ATC Vert-Tech ou les tracteurs sud-coréens LS qui sont réintroduits par Temver France. Nous notons aussi l'arrivée de très grosses machines augmentant la productivité sur les chantiers difficiles à l'image de la Rousseau Fulgor de 14 mètres de portée vue sur le stand de Jean Fréon ou de l'automoteur ILF Athena d'Energreen.
Le changement climatique avec des périodes de sécheresse qui paralysent le marché et obligent à changer les fonctionnements, sont également un sujet préoccupant pour les acteurs du végétal et des semences. Chez les semenciers, la quasi totalité des nouvelles variétés répondent à cette problématique. Chez les pépiniéristes, l'accent est mis sur la production locale adaptée aux besoins locaux pour les aménagements.
Ceci était particulièrement visible sur les stands du secteur végétal du salon mais aussi au sein du Village Expert. Il a très bien fonctionné avec d'importants moyens déployés pour scénariser la végétalisation en milieu urbain ou sur les surfaces sportives engazonnées, avec des ateliers et conférences permettant d'informer les visiteurs sur l'importance de l'eau et des sols.
L'édition de crise de Salonvert 2020 a permis de relancer un marché, des métiers, en favorisant la rencontre entre professionnels mise entre parenthèses durant plusieurs mois. C'est cela le rôle essentiel d'un événement. Il est d'autant plus important dans une période comme celle que nous vivons. Alors, Salonvert 2020 est d'autant plus un bon cru, il ne laisse aucun goût amer à ceux qui en ont été les acteurs.
Jean-Paul Roussennac